Le banquet
Des serviteurs s’empressent et doublent
Amadis et les cinquante-deux cavaliers.
Au centre d’une grande clairière
Une table est dressée
Et des torches brûlent.
Quelques corbeaux effrayés s’envolent
Beaux oiseaux au plumage dense.
Une foule d’invités s’installent ;
Un des cavaliers place Amadis
Et en face de lui il voit Margot.
Elle lui adresse un salut
Emouvant comme la neige
Tandis que ses dames de compagnie
posent sur son chef un voile beige.
A sa droite, une centaine de nobles personnes, étranges,
Des chaînes autour du cou
Mais somptueusement vêtues.
Le repas commence ;
« Nous allons en avoir pour six heures
Car la reine aime manger
Et célébrer toute chose.
Seulement, ce soir, nous ignorons ce qui doit l’être »
Commente un des cavaliers ;
Un douze-cors est présenté
Sur un immense plateau ;
Quelle stupeur de voir cet immense animal
Ses cors sont si immenses que trois hommes ne suffiraient pas à les porter.
Autour s’entremêlent du houx et des baies ;
Vermeilles, elles resplendissent comme le rubis.
Juste après fut présenté un sanglier.
Enorme et roux, lui aussi dressé sur un plateau.
Son pelage est étrangement recouvert d’un peu de givre
Et des énormes bouquets de gui accostent
Ses rives.
Amadis sursaute car il vient en sa mémoire
Ce qu’il vécut et ce que lui raconta François :
« J’ai vu de mes yeux le cerf
Et François essaya de poursuivre le sanglier »
Dit-il à un de ses cavaliers –
« Tout à fait »
Répondit Ambroise.
Puis les animaux se dressèrent
Ils secouèrent leurs oripeaux
Et s’enfoncèrent dans la forêt.
Les courtisanes hurlèrent
Les courtisans réclamèrent
Margot riait.
« Que va-t-on manger
Maintenant ? Notre reine,
As-tu de quoi nous nourrir ?
– Tu pourras te nourrir de baies, d’airelles, de gui,
De houx ».
Et les courtisans mangèrent.
C’était la première fois que la reine offrait si peu.
Elle était très mécontente de la journée qu’elle avait passée.
« Je me suis rendue dans mes châteaux,
Et n’y ai vu que
Troupes de gens qui nous singent
Lors de mascarades caricaturales,
Pâle reflet de nos fêtes royales.
Les visiteurs les regardent cependant
Avec délectation…
Nobles personnages,
Comment voudriez-vous que l’on vous voit
500 ans après votre trépas ?
Ils ont de notre époque une telle opinion
qu’il m’est pénible d’en parler.
Ceux à l’origine de ces mascarades
Y réflechissent fort longtemps.
C’est ainsi qu’ils pensent le mieux parler de nos châteaux.
A la vérité, je le crois,
Il ne savent pas parler à leurs contemporains.
Comme mon agacement était extrême,
J’ai soufflé
Une petite éclipse. »
Amadis vit alors une des nobles personnes
S’approcher de la reine.
Elle s’épancha sur son épaule
Il lui parla puis elle acquiesca.
Il donna alors un ordre
et tous les serviteurs arrivèrent,
Portant des plats de viande, de fruits.
La fête de la reine était sauvée.
Le repas dura en effet longtemps ;
Et il fut pour Amadis
Interminable.
Les beaux nobles aux fers
Se mélangèrent aux autres convives
Et leurs vêtures noires faisaient resplendir
Les étoffes des dames.
Un s’entretenait avec Margot
Tout en jouant avec une pomme.
Margot riait
Et Amadis avait peur.
« C’est tout de même un rival
Plus dangereux
Que Mathieu ;
Je ne suis pas au lycée ».